Saviez-vous qu’au cours des 20 dernières années, le nombre de clôtures physiques qui divisent les communautés et empêchent l’immigration a explosé ?
À une époque où les pays et les peuples sont plus reliés les uns aux autres que jamais, le fossé entre les riches et les pauvres s’est creusé, et le nationalisme a augmenté.
Les murs sont devenus un symbole de cette crise politique et de cette inégalité mondiale, faisant des « autres » un ennemi, tout en consolidant l’autorité de celui qui les construit.
Nous examinons ci-après quelques exemples.
En 1989, avec la chute du mur de Berlin, un nouvel avenir plein de liberté et de dignité semblait possible : un avenir où les gens comprenaient la violence des barrières physiques construites pour imposer un contrôle politique militarisé.
Pourtant, à partir du début des années 2000, le nombre de murs et de clôtures a considérablement augmenté dans le monde entier, pour un total s’élevant à plus de 70.
Le régime israélien est en tête de cette tendance, avec un total de 6 murs imposant l’apartheid aux Palestiniens.
- Palestine
En 1992, l’idée de créer une barrière physique entre les populations israélienne et palestinienne a été proposée par le Premier ministre de l’époque, Yitzhak Rabin. La première construction a commencé en 1994, puis a été mise en œuvre avec plus d’ampleur en 2002 lors de la seconde Intifada.
Le mur de l’apartheid mesure désormais 712 km de long.
Construit sous prétexte de préoccupations de « sécurité », le mur est stratégique pour Israël dans l’annexion de la plupart des terres et dans l’expansion des colonies de peuplement. Cela a coupé certains Palestiniens de leurs terres agricoles ou de leur école, notamment autour de Jérusalem, Bethléem, Tulkarem et Qalqilya.
Israël a construit d’autres murs, notamment tout autour de la bande de Gaza assiégée, y compris dans la mer.
- États-Unis – Mexique
Les États-Unis ont construit une barrière discontinue le long de la frontière mexicaine, dans le but de bloquer l’immigration mexicaine et centraméricaine vers les États-Unis.
Le mur, bâti avec l’argent des contribuables américains, a causé la mort de 42 migrants en 2022 et des centaines de blessés. Il fragmente également les tribus et les peuples autochtones, comme la tribu Tohono O’odham.
Le mur fait désormais 1 126,54 km sur les 3 145 km marquant la frontière et il est contrôlé par une clôture virtuelle composée de capteurs, de caméras et d’autres équipements de surveillance.
- Maroc – Sahara occidental
Le gouvernement marocain, conseillé par Israël et les États-Unis, a commencé à bâtir un mur au début des années 1980, avec l’intention de séparer et d’isoler les communautés ainsi que le mouvement de libération du Sahara occidental qui lutte contre l’occupation de leur territoire. Ce mur vise également à bloquer les migrants subsahariens.
Le mur mesure aujourd’hui 2 700 km de long et est entouré de mines terrestres.
- Ceuta et Melilla (Espagne) – Maroc
En héritage de la colonisation espagnole du Maroc, l’Espagne a toujours sous son contrôle les villes de Ceuta et Melilla situées du côté du continent africain.
Au milieu des années 1990, à une époque où l’Europe développait le mythe d’une « Europe sans frontières », l’Espagne a commencé à ériger des clôtures autour de ses enclaves de Melilla (11 km) et de Ceuta (8,4 km) dans le but annoncé d’arrêter l’immigration.
À l’été 2022, environ 2 000 migrants qui tentaient de traverser le mur ont été attaqués par les gardes-frontières marocains et espagnols ; en employant la force, ces derniers ont tué 37 migrants.
- Hongrie – Serbie et Croatie
En 1995, le gouvernement hongrois a commencé à bâtir un mur de 175 km de long à la frontière avec la Serbie dans le but explicite de mettre un terme à l’immigration vers l’UE.
En 2015, le gouvernement hongrois d’extrême droite de Viktor Orban, mécontent de la coordination européenne du contrôle des frontières et de l’immigration, a érigé une clôture de 348 km de long à la frontière avec la Croatie.
- France – Calais
En 2016, en réponse à un taux d’immigration croissant en Europe, le Royaume-Uni et la France, au lieu d’aborder le problème de manière structurelle et de mettre en place des politiques d’hébergement adéquates, ont décidé de construire une barrière physique (de 1 km) à Calais, le principal point de passage entre le Royaume-Uni et la France.
La clôture a également été construite pour interdire l’accès à la Manche aux réfugiés résidant dans ce qu’on appelle la « jungle », le camp de réfugiés non officiel de Calais.
- Inde – Pakistan
La soi-disant « ligne de contrôle » entre l’Inde et le Pakistan a été convenue après la guerre de 1971 et divise la région du Cachemire en deux parties.
Depuis 1990, l’Inde a commencé à ériger une clôture contre l’immigration musulmane en Inde, malgré les protestations du gouvernement pakistanais.
La clôture s’étend sur 550 km.
Malheureusement, il existe de nombreux autres murs à travers le monde : Corée du Nord – Corée du Sud, Bagdad, Irak – Koweït, Bulgarie – Turquie, Thaïlande – Malaisie, Irlande du Nord, pour n’en citer que quelques-uns.
Tous ces murs divisent les communautés et exacerbent les nationalismes et l’autoritarisme.
Au lieu de construire des murs, les pays du Nord global et, en particulier, les anciennes puissances impérialistes se doivent de régler les problèmes liés aux conséquences de centaines d’années de colonialisme et d’exploitation qui sont à l’origine de l’exil forcé et de la crise climatique, notamment par le biais de réparations.