Les expériences personnelles peuvent être codées dans des « artéfacts », de sorte que l’objet représente la mémoire, la signification et la puissance émotionnelle de ces expériences. les objets peuvent donc être utilisés pour exprimer une conscience de soi et un sentiment d’appartenance culturelle.
Eilean Hooper-Greenhill, Museums and the interpretation of visual culture
Le régime israélien a utilisé l’archéologie pour son projet de colonisation de peuplement et pour construire un récit nationaliste de la suprématie juive. Il utilise l’appropriation du patrimoine comme outil pour cibler et effacer la présence d’autochtones palestiniens et pour appâter les touristes internationaux.
Les touristes et les voyagistes devraient être conscients de ce contexte et ne devraient pas promouvoir une telle propagande.
Le sionisme et les institutions israéliennes ont utilisé et abusé du patrimoine existant de la Palestine pour son projet nationaliste, notamment en utilisant l’« archéologie biblique », un concept qui a permis aux Européens puis aux sionistes de créer une histoire de présence continue en « Terre Sainte » pour leurs objectifs coloniaux.
Les fouilles archéologiques ont principalement été utilisées pour l’expansion des colonies juives et l’accaparement des terres, pour réduire l’existence et l’importance de l’histoire non juive et pour attirer un tourisme qui réécrit l’Histoire selon leurs dires.
De nombreux objets anciens ont été pillés sur des sites palestiniens et cachés dans des institutions israéliennes.
Par exemple, des statues, des vases et d’autres découvertes archéologiques ont été pillés sur l’ancien site romain de Sebastia situé au nord de Naplouse.
Le Département palestinien des antiquités rapporte également que le mur de l’apartheid a détruit partiellement ou totalement environ 800 sites archéologiques.
Le site archéologique de Sebastia a été fouillé pour la première fois par des archéologues de Harvard en 1908, utilisant des Palestiniens comme main-d’œuvre bon marché, et a été pillé à plusieurs reprises par des archéologues coloniaux financés par le mouvement sioniste.
La majeure partie du site est désormais située dans ce qu’on appelle la « zone C » de la Cisjordanie, sous le contrôle total de l’occupation militaire israélienne, et une colonie juive a encerclé le site, harcelant les Palestiniens.
En 1967, après avoir annexé la partie orientale de Jérusalem, Israël a commencé à fouiller de manière intensive la vieille ville de Jérusalem pour prendre le contrôle du quartier palestinien entourant le complexe d’Al Aqsa.
Israël a rasé le quartier marocain de Jérusalem, vieux de 800 ans, déplaçant 650 Palestiniens, détruisant des maisons et des lieux saints, pour construire une place devant le Mur des Lamentations. Les touristes en visite ne voient aucune trace du quartier qu’il y avait là autrefois.
Le quartier de Silwan, situé juste à l’extérieur de la vieille ville, est emblématique de l’utilisation de l’archéologie pour l’expansion coloniale israélienne, et en particulier du parc à thème « Ville de David » où les autorités israéliennes investissent des milliards pour construire un immense complexe touristique et une station de téléphérique sur la base d’allégations historiques contestées par la communauté archéologique.
Silwan abrite plus de 30 000 Palestiniens. Ces fouilles ont causé des dommages structurels aux maisons et aux fondations des infrastructures des Palestiniens, qui ont commencé à s’enfoncer dans le flanc de la colline, et ont également conduit à l’expulsion de familles palestiniennes hors de leur habitation.
Les fouilles de Silwan ont également endommagé plusieurs sites archéologiques anciens, comme un cimetière de l’époque du califat abbasside et des reliques de l’a période cananéenne jébusienne (deuxième millénaire avant J.-C.).
L’Autorité israélienne des antiquités et la municipalité de Jérusalem ont donné le monopole de la gestion du site à l’organisation de colons juifs « Elad » et ont fourni des millions pour creuser et agrandir le site.
Elad collecte des fonds à l’étranger et notamment aux États-Unis, avec le statut d’association caritative exonérée d’impôt.
Gaza, une ville florissante notamment à l’époque romaine, cache de nombreux sites archéologiques remontant jusqu’à l’âge du fer.
Ceux-ci sont souvent enfouis sous les décombres et les destructions causées par des bombes israéliennes, dont ils sont peut-être eux-mêmes la cible.
Une recherche menée par Forensic Architecture décrit comment Israël a délibérément pris pour cible des sites archéologiques dans la bande de Gaza assiégée lors d’une attaque ouverte contre le patrimoine culturel palestinien.