Approvisionnement énergétique: alimentation de l’injustice

Un nouveau rapport du Centre de recherche sur les entreprises multinationales (SOMO) révèle le rôle du commerce de l’énergie dans le génocide et l’expansion coloniale contre les Palestiniens et le Golan syrien occupé.

Le rapport met en lumière la manière dont le commerce et les investissements étrangers dans le secteur énergétique israélien contribuent à de graves crimes internationaux, notamment le génocide à Gaza, l’occupation illégale et le maintien d’une présence coloniale illégale. Le rapport confirme qu’il est urgent de répondre à notre appel collectif en faveur d’un embargo mondial sur l’énergie à l’encontre d’Israël, en stoppant les exportations, les importations et les transits d’énergie à destination et en provenance d’Israël. 

Ce rapport est publié alors que la communauté internationale reconnaît davantage les crimes contre l’humanité commis par Israël, notamment le crime d’apartheid et le crime de génocide à l’encontre du peuple palestinien. Il intervient également alors qu’Israël commet des massacres incessants et des actes génocidaires continus à Gaza, tout en étendant sa présence coloniale dans le Golan syrien occupé.  

En novembre 2024, la Cour pénale internationale a lancé des mandats d’arrêt contre des criminels de guerre israéliens et, en décembre 2024, Amnesty International a conclu qu’Israël commettait un génocide à Gaza. La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu deux décisions cruciales en 2024, l’un concernant la probabilité qu’un crime de génocide soit commis contre le peuple palestinien et l’autre réaffirmant l’illégalité de l’occupation par Israël de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, y compris Jérusalem Les deux arrêts soulignent que les États tiers doivent éviter les transactions économiques et commerciales qui renforcent cette situation illégale et préviennent les génocides.

Un génocide ne peut pas se commettre sans infrastructure. Le rapport révèle que les opérations militaires d’Israël dépendent fortement des importations de pétrole brut et de carburants raffinés, notamment de carburéacteur, d’essence et de diesel. Au cours de la seule année écoulée, des livraisons en provenance des États-Unis, de la Grèce, de l’Italie et du Brésil ont soutenu ces opérations. L’énergie exportée contribue également au maintien de l’industrie illégale des colonies. Le réseau électrique israélien, alimenté par le gaz naturel (70 %), le charbon (17,5 %) et les énergies renouvelables (10 %), alimente à la fois les infrastructures civiles et les colonies illégales. Le commerce du charbon en provenance de pays tels que la Russie et l’Afrique du Sud et les investissements étrangers dans l’extraction du gaz et les projets d’énergie renouvelable soutiennent directement cette infrastructure, en violation des obligations internationales.

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Le rapport demande à toutes les entreprises impliquées dans la chaîne d’approvisionnement énergétique de faire preuve d’une plus grande diligence afin de s’assurer que leurs activités ne contribuent pas à des crimes internationaux, en insistant sur le fait que les entreprises qui fournissent des combustibles ou investissent dans des projets énergétiques israéliens risquent d’être tenues pour responsables de complicité de crimes internationaux.  Les États doivent mettre fin à l’exportation et au transit de carburéacteur militaire, de pétrole brut et d’autres combustibles vers Israël, à moins qu’une utilisation non militaire puisse être garantie. De même, les États doivent cesser d’exporter du charbon vers Israël lorsque son utilisation soutient des colonies illégales, considérées comme un crime de guerre.

Enfin, les gouvernements doivent réglementer et empêcher les investissements dans des projets énergétiques qui renforcent l’occupation militaire illégale et l’expansion coloniale d’Israël en Palestine. 

Les conclusions de ce rapport confirment ce que nous savons. Les États qui poursuivent leurs échanges énergétiques avec Israël alimentent le génocide et la dépossession des Palestiniens. Il s’agit non seulement d’une obligation morale, mais aussi d’une obligation légale d’utiliser tous les moyens disponibles, en particulier pour les États ayant des liens économiques étroits, afin de désinvestir et de suspendre leurs exportations et importations d’énergie. La communauté internationale reste complice.