Organisations environnementales et de la société civile palestinienne à la COP29 :

Embargo sur l’énergie pour mettre fin au génocide !

Pas de justice environnementale sans libération de la Palestine !

 

30 octobre 2024

 

Le génocide israélien contre 2,3 millions de Palestiniens se poursuit, détruisant Gaza et provoquant un désastre humanitaire et environnemental aux proportions inouïes. A l’occasion de la COP29, nous appelons toutes les organisations de la société civile présentes à la COP29 et dans le monde entier à se mobiliser d’urgence pour imposer un embargo énergétique sur Israël afin d’arrêter le génocide en Palestine et de mettre fin à l’apartheid, à l’occupation illégale et à l’écocide d’Israël.

Au moins 45 000 Palestiniens de Gaza ont été tués à ce jour, et l’on estime que le nombre de morts est probablement beaucoup plus élevé. Plusieurs milliers de personnes sont ensevelies sous les décombres de leurs maisons, des centaines de milliers d’autres souffrent de graves blessures physiques et de séquelles psychologiques, et la majeure partie de la population de Gaza est délibérément affamée et sous-alimentée, déplacée de force dans des tentes. La situation est encore plus horrible dans le nord de la bande de Gaza, où Israël commet des massacres et procède à un nettoyage ethnique. Plusieurs milliers de personnes sont détenues dans le réseau israélien de camps de torture et soumises aux traitements les plus barbares que l’on puisse imaginer. 

Ce coût humain choquant a été associé à une destruction écologique effroyable, infligée intentionnellement à Gaza pour la rendre inhabitable. Selon les experts des Nations unies, le génocide israélien comprend également « le domicide, l’urbicide, le scolasticide, le médicide, le génocide culturel et, plus récemment, l’écocide« . Depuis le début du génocide, plus de 76 % des terres agricoles de Gaza ont été endommagées ou détruites, et les sols, les serres, les puits d’eau, les fermes et les abris pour animaux ont subi des dégâts considérables

La guerre génocidaire d’Israël a émis des centaines de milliers de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 31 000 kilotonnes de charbon, ce qui est suffisant pour alimenter environ 15,8 centrales électriques au charbon pendant un an. Rien qu’au cours des 120 premiers jours, cette guerre a produit plus de CO2 que les émissions annuelles de 26 pays et territoires. Les émissions de CO2 qui seront produites lors de la reconstruction du paysage urbain dévasté de Gaza produiront un chiffre supérieur à celui de plus de 130 pays. Les produits chimiques provenant des armes, tels que le phosphore blanc, ont également contaminé l’air et ont probablement eu un impact sur les terres agricoles et les sols. 

Pendant ce temps, en Cisjordanie, l’occupation israélienne a poursuivi sa colonisation et le vol des terres et des ressources naturelles palestiniennes pour y implanter des colonies illégales, tuant environ 800 Palestiniens et en blessant des milliers d’autres. Et ce, bien que la Cour internationale de justice ait déclaré en juillet que l’ensemble de l’occupation israélienne était illégale et qu’il fallait y mettre fin.

L’incapacité de la communauté internationale à mettre fin à la complicité des États, des entreprises et des institutions dans le génocide israélien et le système d’apartheid sous-jacent – et à imposer des sanctions légales et ciblées pour arrêter la machine de guerre d’Israël – a conforté ce dernier dans un sentiment d’impunité totale, lui donnant carte blanche pour étendre ses destructions et ses massacres au-delà de la Palestine, jusqu’au peuple libanais. En quelques semaines seulement, Israël a tué plus de 2 000 citoyens libanais, en a blessé plus de 10 000 et a détruit sans raison des milliers de maisons et des villages entiers. Les bombardements israéliens montrent clairement qu’Israël a l’intention d’étendre son modèle de destruction génocidaire – ciblant les hôpitaux, le personnel médical et les infrastructures civiles – au peuple libanais. L’utilisation par Israël de phosphore blanc et d’armes à sous-munitions a dévasté la production agricole dans le sud du Liban, et son attaque contre le système d’adduction d’eau du Litani directe démontre que cette destruction est intentionnelle.

Les plans d’Israël sont clairs comme le jour: nettoyer ethniquement l’ensemble de la Palestine et le sud du Liban de leurs populations indigènes, dans le prolongement de la Nakba qui se poursuit, sans relâche, depuis 1948 jusqu’à aujourd’hui. 

Dans ce contexte, la demande tardive de la communauté internationale pour un cessez-le-feu à Gaza n’a aucun sens si elle n’est pas soutenue par des actions concrètes susceptibles d’arrêter la machine de guerre génocidaire d’Israël. 

Les gouvernements et les entreprises qui profitent et soutiennent un système financier et un ordre socio-économique qui détruisent notre planète, les terres indigènes et forcent des millions de personnes à l’exil et à la pauvreté, sont ceux-là mêmes qui sont complices de l’alimentation de la machine génocidaire d’Israël. 

Embargo sur l’énergie pour la Palestine

Aujourd’hui, le besoin urgent de Boycotts, Désinvestissements et Sanctions (BDS) pour mettre fin au génocide, à l’apartheid et à l’occupation illégale d’Israël est évident. Pour la première fois en 42 ans, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution appelant à des sanctions concrètes à l’encontre d’Israël, après que la Cour internationale de justice (CIJ) a, à plusieurs reprises, souligné l’obligation légale de tous les États et de toutes les entreprises de mettre fin à leur complicité avec les crimes israéliens. 

Le génocide israélien est alimenté par le pétrole et le charbon, qui alimentent son réseau électrique, son industrie de l’armement, son infrastructure d’intelligence artificielle et ses véhicules militaires. La vente de gaz injecte des milliards dans l’économie israélienne, ce qui lui permet de poursuivre ses campagnes génocidaires. Fin février 2024, les organisations palestiniennes ont lancé un appel exigeant la cessation de tous les transferts d’énergie vers Israël, l’achat de gaz israélien et la complicité des entreprises dans l’extraction et la vente de sources d’énergie, en particulier celles qui se trouvent sur les terres, dans les eaux ou dans la zone économique exclusive (ZEE) palestiniennes. 

En réponse à cet appel et à d’autres campagnes menées par les Palestiniens, le gouvernement colombien a stoppé le transfert de charbon vers Israël – environ 70 % de sa consommation – et des militants du pourtour de la Méditerranée se sont mobilisés autour de la demande #BlockTheBoat et No Harbour to Genocide, empêchant un pétrolier transportant du kérosène militaire et un navire transportant des explosifs vers Israël d’accoster dans de nombreux ports d’Afrique et d’Europe. D’autres mobilisations appelant à un embargo énergétique se poursuivent en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud, en Turquie, aux États-Unis, au Brésil et ailleurs. 

La réunion de la COP de cette année à Bakou, en Azerbaïdjan, est l’occasion de mettre en lumière le rôle de l’Azerbaïdjan dans le soutien des crimes d’Israël. L’Azerbaïdjan est l’un des principaux importateurs d’armes israéliennes, finançant directement l’industrie militaire israélienne. En outre, le pétrole azerbaïdjanais, parmi d’autres fournisseurs importants, alimente la machine de guerre israélienne. Pendant le génocide, le pétrole azerbaïdjanais a représenté plus d’un quart des importations de pétrole brut d’Israël. Ce pétrole est transporté par l’oléoduc Bakou-Tiblisi-Ceyhan (BTC) jusqu’en Turquie pour y être expédié. L’oléoduc est détenu en majorité par British Petroleum (BP) et la compagnie pétrolière nationale d’Azerbaïdjan, SOCAR.

Malgré le soutien déclaré de la Turquie à la libération de la Palestine et la suspension officielle de la plupart des échanges commerciaux avec Israël à la suite du génocide, la Turquie permet toujours au pétrole azéri et kazakh (représentant ensemble environ 60 % des importations de pétrole d’Israël) de transiter par le port turc de Ceyhan, d’où il est transporté par pétroliers jusqu’en Israël. Depuis octobre 2023, cette complicité a été remise en question par des groupes de jeunes turcs qui ont constamment protesté contre la SOCAR et les entreprises turques complices, ce qui a valu à de nombreux activistes d’être arrêtés et harcelés par les autorités turques. 

De nombreux experts juridiques ont mis en garde contre le fait que le transfert de produits à double usage tels que le pétrole, qui peut être utilisé dans des véhicules militaires (chars, véhicules blindés de transport de troupes, jeeps militaires et avions), rend les États complices d’un génocide en apportant un soutien matériel à l’État qui commet l’acte. Une analyse d’un expert juridique récente affirme l’obligation de mettre fin aux fournitures d’énergie à Israël conformément à la convention sur le génocide.

Tous les transferts d’énergie vers Israël, ainsi que le génocide et la destruction de l’environnement qu’ils entraînent, doivent être stoppés. Nous appelons donc à faire pression sur tous les gouvernements et entreprises présents à la COP29, et dans le monde entier, pour qu’ils prennent des mesures immédiates pour:

  1. Stopper les flux d’armes et de sources d’énergie à destination et en provenance d’Israël.
  2. Faire pression sur tous les gouvernements, en particulier les États-Unis, les membres de l’UE (Grèce, Chypre et Italie), l’Albanie, l’Azerbaïdjan, la Russie, l’Afrique du Sud, le Gabon, le Brésil, le Nigeria, le Kazakhstan et la Turquie, pour qu’ils cessent de vendre et/ou d’acheminer de l’énergie à Israël.
  3. Faire pression sur les gouvernements jordanien et égyptien ainsi que sur les institutions européennes pour qu’ils cessent toute importation de gaz en provenance d’Israël. 
  4. Mobilisation mondiale en solidarité avec la libération et l’autodétermination des Palestiniens autour de la COP29, sur le thème « BP and SOCAR Stop Fueling Genocide« , et participation à deux journées d’action :
  1. Le 11 novembre: cibler les exportations de pétrole de l’Azerbaïdjan en sensibilisant au rôle des États azerbaïdjanais et turc et en faisant pression sur eux pour qu’ils cessent d’acheminer le pétrole azerbaïdjanais vers le génocide israélien.
  2. Le 16 novembre : rejoindre les mobilisations mondiales de la COP29, et concentrer les actions principalement sur SOCAR, BP, les entreprises impliquées dans l’exploitation de l’oléoduc BTC, et Chevron. Les actions peuvent également viser d’autres entreprises complices, telles qu’ExxonMobil, Shell, Eni et Total Energies, qui fournissent ensemble 66 % du pétrole à Israël, ainsi qu’Eni et BP pour leurs contrats illégaux d’exploration gazière dans la ZEE palestinienne au large de Gaza.

Signé:

Comité national BDS (BNC) 

Embargo mondial sur l’énergie pour la Palestine (GEEP)

Campagne populaire palestinienne contre le mur de l’apartheid