janvier 30, 2025

Anomalie spatiale: la manipulation de la géographie par Israël

Jaffa map

Les cartes ne sont pas neutres. Au lieu de représenter la réalité, ils la façonnent.

Dans des contextes coloniaux, elles reflètent les structures de pouvoir qui manipulent l’espace géographique et la production de connaissances.

Le mouvement sioniste et la colonisation de la Palestine qui en a résulté ont toujours investi dans le changement de la cartographie de la Palestine pour servir son récit biblique et la légitimation de sa souveraineté.

Lorsque des puissances coloniales nomment un territoire, elles montrent qu’elles en ont le pouvoir et le contrôlent.

Depuis le mandat britannique, les Palestiniens ont été exclus de la représentation de leur propre espace, tandis qu’un récit biblique s’emparait de la cartographie de la Palestine.

Les cartographes, géographes et urbanistes sionistes (plus tard israéliens) ont commencé à changer de nombreux noms de villes, de rues et de régions de la Palestine.

L’hébraïsation de la géographie a été un élément essentiel dans la suppression de l’histoire locale afin de créer un sentiment d’unité pour la plupart des colons juifs européens et américains et de construire une nouvelle identité nationale.

 

La même logique appliquée à la plantation d’arbres par le Fonds national juif, pour effacer l’espace et la mémoire des villages palestiniens ethniquement balayés.

La langue hébraïque a été désignée comme le seul moyen de comprendre le paysage palestinien.

Jusqu’à aujourd’hui, dans les cartes les plus utilisées, le régime israélien a substitué à la majorité des noms arabes de villes et de régions d’autres noms anciens ou bibliques. Voici quelques exemples :

Al-Quds : Jérusalem

Ariha : Jéricho

Al-Khalil : Hébron

Naqab : Néguev

La suppression des noms de lieux arabes a eu une conséquence fâcheuse : de nombreux Palestiniens ne connaissent pas les noms des endroits dans lesquels ils vivent ou se rendent depuis l’invasion coloniale de peuplement.

Ceci est renforcé par les technologies GPS telles que Google et Waze, ainsi que par d’autres applications de cartographie occidentales, qui cachent un intérêt politique et économique dans leur représentation de la réalité.

Sur Google Maps, la Palestine n’est pas mentionnée et on ne peut voir qu’une ligne pointillée le long de la ligne verte (ligne d’armistice de 1949). L’application ne reflète aucune réalité géographique, suggère le plus souvent des itinéraires incorrects ou ne marque pas des lieux habités par des Palestiniens, comme s’il s’agissait d’un « no man’s land ».

En Cisjordanie, des colonies israéliennes illégales sont signalées et représentées très clairement tandis que des villages palestiniens ne sont pas indiqués par des panneaux routiers israéliens.

Les Palestiniens ont commencé à récupérer leurs cartes comme moyen de résistance. La contre-cartographie est une pratique qui contribue au processus de réappropriation de la connaissance de la Palestine.

De All That Remains de Walid Khalidi à l’Atlas palestinien de Salman Abu Sitta, ou de « Visualizing Palestine » et de « Studio-X Amman Palestine Open Maps» de l’Université de Columbia au navigateur Doorob, les Palestiniens continuent à se battre pour reprendre possession de leurs terres.